vendredi 28 octobre 2011

voyage à motocyclette


C‘était un matin d’octobre. Profitant du pont du 17, j’étais allé à Córdoba. Sous la treille de la maison d’Alberto Granado, nous avons pris du maté sucré et commenté les dernières nouvelles de cette « chienne de vie », tout en nous consacrant à la remise en état de la Poderosa II. (…)
Portés par notre rêverie, nous sommes arrivés dans de lointains pays, nous avons navigué sur des mers tropicales et visité toute l’Asie. Et soudain, glissée en passant comme faisant partie de nos rêves, la question a jailli :
« Et si nous allions en Amérique du Nord ?
- En Amérique du Nord ? Comment ?
-Avec la Poderosa, mon vieux. »
Voilà comment fut décidé le voyage, un voyage que l’on a toujours mené en fonction du grand principe fixé à ce moment-là : l’Improvisation. Les frères d’Alberto se sont mis de la partie et chacun, par une tournée de maté, a scellé l’engagement inéluctable de ne pas flancher avant de voir nos désirs réalisés. Le reste n’a été qu’une suite monotone de tracasseries à la recherche de permis, de certificats et de documents, c’est-à-dire des moyens de franchir toutes les barrières que les nations modernes opposent à qui veut voyager. Pour ne pas compromettre notre prestige, nous avons décider de n’annoncer qu’un voyage au Chili. Ma mission la plus important était de réussir un maximum d’examens avant de partir. Celle d’Alberto, de préparer la moto pour un voyage aussi long et d’étudier l’itinéraire. Tout le côté « transcendant » de notre entreprise nous échappait alors, nous ne voyions que la poussière du chemin et nous-mêmes sur la moto, avalant des kilomètres dans notre fuite vers le nord.


























Je sais maintenant, en acceptant ce fait avec une sorte de fatalisme, que mon destin – ou plutôt le nôtre, car en cela Alberto est pareil que moi – est de voyager. Pourtant, il y a des moments où je pense avec un profond désir aux régions merveilleuses de notre Sud. Peut-être qu’un jour, fatigué de courir le monde, je reviendrai m’installer sur cette terre argentine, peut-être pas pour toujours, mais comme en un lieu de transit vers une autre vision du monde. Et je visiterai à nouveau la zone des lacs de la cordillère et j’y habiterai.











 











Dans la soirée, après d’épuisantes parties de canasta, nous regardons la mer immense, pleine de reflets vert clair. Ensemble, appuyés au bastingage, mais très distants l’un de l’autre, chacun volant dans son propre avion vers la stratosphère de ses rêves. Et nous comprenons là que notre vocation est de sillonner indéfiniment les routes et les mers du monde. En restant toujours curieux, en regardant tout ce qui se présente à nos yeux. En flairant tous les coins mais toujours sur la pointe des pieds, sans prendre racine nulle part, ni s’attarder à étudier le substrat de quelque chose : la périphérie nous suffit.

Ernesto Che Guevara, Voyage à motocyclette (Lationoamericana), 1951


Postface de Ramón Chao, Le Voyage du condottiere

 « Si tu remets ton affaire au conseil de tes voisins, les uns diront blanc, les autres noir », écrit Sancho Pança dans une lettre mémorable. La plupart des choses de ce monde étant grises, elles contiennent forcément du blanc et du noir : les êtres qui ont un destin parcourent toute la gamme de couleurs et chacun trouve en elles ce qu’il veut bien chercher.

lundi 10 octobre 2011

lundi 3 octobre 2011

octobre





























l'été qui s'attarde, le nouveau dahlia du jardin, le liquidambar qui roussit, papi et mamie qui oublient mais sourient, et moi qui m'envole pour Pondichéry !